| Writings from the Road in French Following are excerpts in Claude's native French. |
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Gansu
aout '96Une volkswagen s'arreta : "Stop ! Manger? Boire? Pas un jour ne passait en ex-Urss sans qu'un conducteur ne s'arrete pour partager son repas, mais ici , en Chine ? Une volkswagen n'etait precisemment pas la voiture du peuple. Deux confreres au physiques bedonnants, rives a leurs telephones portatifs , m'emmenerent dans leur demeure a trois etages couverts de faience avec une porte de bois monumentale.
De suite, nous foncames vers un "karaoke-bar", si populaires en Chine. Autour d'une fondue sichuanaise, les hommes relevaient leurs pantalons jusqu'aux genous. On crachait parterre, on fumait, on criait, on buvait sans limites de la biere dans des verres a the. Un proverbe disait : " Les chinois mangent tout ce qui a 4 pattes, sauf les tables, tout ce qui a des ailes, sauf les avions, tout ce qui vit dans l'eau, sauf les sous-marins".
Torse nu parce qu'il faisait chaud. Une atmosphere orgiaque dans une salle grande comme un hall de gare ou resonnaient les voix mal ajustees de ceux qui, tour a tour, s'emparaient du micro et chantaient seuls face a un ecran de TV. Zhiang Tian Roy etait le proprietaire d'une des meilleures fabriques d'alcool de riz du pays. Un alcool qui tue. Et, au beau milieu d'une distillerie qui crachait son tord-boyau comme une vache son lait, une dizaine d'employes, au milieu de la nuit, emballaient ce liquide magique, translucide comme l'eau, dans des emballages mirifiques, pour lui donner ses lettres de nobless. Il me tendit deux bouteilles :"Va, pour la route, des fois que l'energie te manquerait !"
Sichuan
aout '96Le ciel cisaille d'eclairs et empli des grondements du tonnerre donnait naissance a une lumiere merveilleuse. Il suffisait de monter de cinq metres pour embrasser du regard des plateaux infinis qui changeaient de visage au moindre clin d'oeil du ciel. Un rai de lumiiere faisait resplendir les pelages des chevaux noirs, des yaks et des moutons.
Pluie ou soleil, je croisais des vagues de troupeaux argentees qui glissaient comme l'ecume. Des familles entieres, du mioche au grand-pere, montaient des chevaux, couverts de ponchos et actionnaient leurs "goubang" ( Pieces de metal au bout d'une corde en cuir) comme des laceaux. Au matin je les croisais de plus pres encore, fendus d'un sourire, occupes a traire leurs betes, tandis que leur progeniture, s'accrochant a l'entree de leurs tentes, laissaient apparaitre le rougeoiement des braises.
Les nomades me faisaient toujours signe d'un geste sans equivoque pour partager leur repas et boire du the. Je roulais au plus pres de la terre, croyant entendre son souffle, Mais non, ce n'etait que le craquement des braquets sur les pierres, comme un bruit de machoir sur une noix dure a croquer. Un cavalier me lanca une corde que j'accrochai a la potence. Talonnant sa monture, nous avancerent a 7 km/h jusqu'au sommet d'un col, puis il disparut vers son campement.
Pekin
3O septembre '96,
km 40,468Matin frais et brumeux, mousse de lumiere chaude orangee. Comment l'oublier ? La route sentait si bon les petits gateaux du festival de la plaine lune d'automne. Un mecanicien de velo me paya le petit-dejeuner, devoila mes roues, fixa une nouvelle paire de pedales, m'offrit 20 rayons et deux chambres a air "Welcome to Beijing !".
"Freeway" s'appelait la route que mes chapeaux de roues saluerent. Tian'anmen square, la plus grande place du monde, deployait aux quatre points cardinaux ses avenues longilignes infinies. L'alignement des choses et des hommes est un theme favori aux chinois. Mais la nature et le voyage demontaient tous les quadrillages.
Ce corset de latitudes et de longitudes qui voudrait rationnellement enserrer la terre dans un tour de taille de 42000 kms. Pas les milliards de dollards d'un "Paris-Pekin", tout juste le pari d'un pekin. Un derviche tourneur de rayons. Flammes au coeur et fleurs au guidon sur cette terre qui avait definitivement plus d'un tour dans son sac...
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